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2022 : le temps de travail moyen des indépendantes augmente mais la durée moyenne des congés s’allonge

Sommaire

 

Sondage réalisé entre le 1er et 8 mars par la Fnae et Blank

Lors de notre précédent sondage en 2021 réalisé à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, en pleine période impactée par les confinements, les indépendantes travaillaient en moyenne 40 heures par semaine et prenaient 2 à 3 semaines de congés par an.

En 2022, elles travaillent ainsi en moyenne 43 heures par semaine et prennent 3 semaines de congés, des chiffres loin de la situation des salariées (35 heures avec 5 semaines de congés payés).

Cependant ces chiffres cachent une réalité : elles sont 56% à ne pas prendre plus de congés, faute de moyens pour se faire remplacer. Ainsi, 1 femme sur 4 estime ne pas pouvoir s’arrêter du fait d’une charge de travail importante.

Les congés : 1 personne sur 4 prend moins d'une semaine de congés par an

Elles prennent en moyenne 3 semaines de congés par an (valeur médiane), mais 1 sur 4 prend moins d'une semaine par an !

  • 10% ne prennent jamais de congés
  • 11 % prennent une semaine de congés par an
  • 22,5% prennent 15 jours de congés par an
  • 15% prennent 3 semaines de congés par an
  • 15% prennent environ 4 semaines de congés par an
  • 11% prennent environ 5 semaines de congés par an
  • Et 15,5 % prennent plus de 5 semaines de congés par an
21% déclarent prendre autant de congés qu’elles le souhaitent et 16,5% n’estiment pas avoir besoin d’en prendre plus.

L’impact de la crise Covid

La crise liée à la Covid a impacté tous les indépendants et professionnels. Dans le cas des femmes interrogées, 65% d’entre elles accusent une baisse de revenus.

Ainsi,

  • 32% subissent entre 30% et 50% de perte de chiffre d'affaires
  • 28% subissent entre 10% et 30% de perte de chiffre d’affaires.
  • seulement 13% ont vu leur revenu augmenter.

La couverture sociale des indépendantes en 2022

Les arrêts de travail et la santé au travail

Du côté santé au travail, la route est longue avant que les indépendants lèvent le pied pour protéger leur santé, le plus souvent au grand dam de leur médecin. Mais on note une tendance à une meilleure prise en compte de leur santé par rapport à 2021.

Elles sont ainsi 52% (contre 67% en 2021) à ne pas transmettre leur arrêt de travail à l'Assurance maladie ! 80% déclarent ne pas écouter l’avis du médecin lorsqu'il leur conseille de s’arrêter (contre 89% en 2021). Pour 78% d’entre elles, leur médecin a compris que leur activité ne leur permettait pas de s’arrêter, mais il se devait de le suggérer.

Et pour 93% d'entre elles ce n’est que lorsque le corps lâche que les femmes interrogées appuient sur le bouton arrêt (95% en 2021).

Avant d'être un entrepreneur, il est important de savoir se ménager, pour préserver la santé de son entreprise : ce message a énormément de mal à passer, hélas. 

Le contrat de prévoyance, un peu moins méconnu

Désormais tous les autoentrepreneurs, qu’ils relèvent des professions libérales réglementées ou non, de l’artisanat ou du commerce ont accès aux indemnités journalières en cas d’accident et de maladie. La condition : leur revenu annuel moyen (RAAM) doit être supérieur à 4093,20 euros en 2022. Pourtant, 35% ignorent toujours si elles peuvent percevoir des indemnités, tandis que 9% estiment même qu’elles n’y ont pas droit. Un chiffre qui n’évolue pas d’une année sur l’autre.

Le contrat de prévoyance que l’on souscrit auprès d’un assureur permet de compléter les indemnités journalières de bases versées par le régime général et qui représentent, comme pour les salariés, 50% de leur revenu.

Ainsi le contrat de prévoyance permet de compléter cette somme pour se rapprocher du revenu de l’indépendant.

Le contrat de prévoyance, un peu plus souscrit

Les indépendantes étaient 62% en 2021 à ne pas avoir souscrit un contrat de prévoyance. Un peu mieux, ce chiffre descend à 59% en 2022.

Elles sont désormais 85% à estimer que le montant des indemnités journalières n’est pas suffisant pour leur permettre de s’arrêter (contre 72 % en 2021), et pour 48% les délais de carence de leur prévoyance sont trop longs en cas de maladie.

En effet le prix d’un contrat de prévoyance se calcule en fonction des délais de carence choisis : plus le délai est long, moins le contrat est cher. Il faut donc bien calculer son besoin mensuel et le montant des indemnités journalières du régime général pendant cette période où la prévoyance ne vient pas compléter les revenus de l’indépendant.

Mais un arrêt reste compliqué à gérer, car elles sont 86% à n’avoir personne pour les remplacer. Par contre 60% estiment que leur activité peut s’arrêter quelques jours sans la mettre en péril.

Le congé parental

Elles sont 22% parmi les personnes interrogées à avoir pris ou à prendre prochainement un congé maternité et ou parental.

Le congé parental, fait pour les salariés, transposé à l’identique pour les indépendants

Le congé parental remporte toujours la palme de la difficulté « pas compatible pour les indépendants, informations mal transmises, obligation de mettre son entreprise en sommeil ou de la fermer, méthodes de calcul incompréhensible ». D’après les retours, il ne semble pas s’adapter aux spécificités des indépendants :

Elles sont ainsi 81% à estimer que leur congé parental est difficile à mettre en place pour une indépendante

  • 83 % estiment que les informations sont difficiles à trouver pour prendre un congé parental
  • 83% estiment qu’il est injuste de voir mettre l’entreprise en sommeil; ("Je trouve cela injuste, car les salariés eux n'ont pas besoin de quitter leur emploi")
  • 65% estiment que le montant alloué est suffisant.

 

Le fonctionnement du congé parental

Difficile de mettre complètement son activité en veille lorsque l’on est à son compte. C’est une problématique que l’on retrouve également sur le congé maternité. Le législateur ne tient ainsi pas compte des spécificités que rencontre un indépendant, qu’il soit autoentrepreneur ou au régime réel, ou même en coopérative ou en portage salarial.

« Un arrêt total de l'activité est impossible quand on est indépendant. Il faut continuer la communication afin d'assurer une reprise dynamique, continuer à répondre au téléphone, ne pas se faire oublier des fournisseurs... On ne peut pas se mettre en off total comme une salariée. La mise en sommeil est donc complètement non indiquée. »

En occultant les problématiques spécifiques - un salarié peut être remplacé pendant son congé -, le législateur n’entend pas les besoins de cette population spécifique.

« Je n’ai pas pu me faire remplacer pendant mon congé parental, faute de moyens, j’ai donc quand même répondu aux appels téléphoniques et aux mails afin de collecter des clients potentiels pour la reprise. »

Un problème d’accès aux informations

« Les informations sont très mal transmises. Je me rends compte - 8 mars : Journée internationale des droits des femmes - qu’avec ce questionnaire je ne suis au courant de rien. Je ne sais pas si j’aurais le droit à un congé parental et de combien je pourrais bénéficier pour être en congé parental. »

Une méthode de calcul compliquée

« La méthode de calcul pour savoir si on peut bénéficier d’un congé parental partiel est incompréhensible et inadaptée. On ne peut pas toujours anticiper notre revenu à venir. » « Les indemnités ne sont versées qu’à la fin de la période du congé ».

« Il est très difficile de remplir les papiers qui ne sont pas du tout adaptés à notre situation !  J’ai été obligée d’écrire un courrier avec recommandé pour exposer la situation. »

Impossibilité de se faire remplacer

« Il n'est pas possible de vivre financièrement lors d'un congé parental ET de rémunérer quelqu'un pour notre remplacement. »

Le congé maternité 

Le congé maternité en 2022

Après deux années difficiles pour les femmes enceintes (2020/2022), liées au rapprochement avec le régime général des indépendants et à la suppression du RSI, la situation n’est pas encore résolue.

Une partie d’entre elles se retrouvent toujours avec des indemnités maternité à hauteur de 150 euros par mois, malgré l’existence de droits au chômage. Un point que le législateur a fini par corriger dans la loi de finances 2021, mais dont l’application tarde à venir sur le terrain.

Ainsi celles qui ont eu un congé maternité à partir de novembre 2019, qui ont obtenu uniquement le taux à 10% (correspondant à 150 euros par mois en moyenne) et étaient bénéficiaires de droits au chômage, devraient récupérer les droits dus sur leurs indemnités chômage.

Cependant restent oubliées celles qui ont eu leur congé entre 2018 et 2019, oubli lié à un problème de gestion informatique.

Normalement l’action sociale de l’Assurance maladie doit prendre le relais pour ces personnes.

Il restera une fois ces problèmes résolus les trous dans la raquette : celles par exemple qui ont un eu un congé maternité au cours des 3 dernières années et dont les indemnités perçues ne rentrent toujours pas en compte pour les autoentrepreneurs dans le calcul du RAAM venant ainsi impacter leurs droits sociaux et celles qui faute de revenus, en l’absence de droit au chômage, toucheront toujours 150 euros, 3 fois moins que le RSA.

La mise en place d’un minima social est plus que de rigueur

Parmi les personnes interrogées, elles sont 8% à avoir pris un congé maternité depuis le rapprochement avec le régime général, et 35% ont eu le taux réduit, soit 150 euros par mois.

L’impact de la crise Covid sur les droits maternité

Elles sont 50% à estimer que la crise a impacté leurs droits sociaux et qu’elles ne toucheraient pas le taux plein, mais uniquement 10% de leurs droits.

Des projets bébés reportés faute de couvertures sociales suffisantes en France en 2022

31% d’entre elles n’ayant pas assez cotisé préfèrent ainsi reporter leur projet maternité.

« Mon projet de deuxième enfant est mis en suspens, car je cours trop de risque à perdre ma clientèle, et avec 150 euros par mois on ne peut pas vivre. Pour mon premier enfant, j’ai dû reprendre 3 semaines après la naissance, car je n’avais pas assez de rentrées d’argent. Un congé maternité gâché. »

Être indépendante est clairement un frein à la maternité.

Indépendante = le bonheur au travail ? Un métier passion ?

Tout n’est pas noir pour autant. 95% estiment avoir la chance de faire une activité qui les passionnent et affirment leur satisfaction à aller travailler le matin. Elles ne sont que 5% seulement à faire leur métier par nécessité sans y prendre plaisir.

Savoir se poser, un enjeu de taille : la notion de santé au travail est éloignée des travailleurs indépendants.

  • Cependant, 70% n’arrivent pas à mettre leur cerveau en pause et pensent la plupart du temps à leur travail.
  • 30 % se sentent souvent au bord du burn-out
  • 12% ont déjà fait un burn-out dans leur vie d'indépendante
  • 59 % sont souvent stressées en raison des responsabilités qui leur incombent.

Équilibrer vie pro, vie perso

Si 62% arrivent à gérer leur temps et à bien équilibrer leur vie, elles ont néanmoins du mal à couper réellement lorsque la journée s’arrête : 65 % continuent de répondre à leur téléphone et 80% continuent de regarder leurs mails professionnels fréquemment, même la journée de travail terminée.

  • Elles ne sont que 40% à pouvoir déconnecter et passer à autre chose
  • 68,5% estiment que l’équilibre vie pro, vie perso est difficile à mettre en place.

Les attentes des indépendantes 

Bonne nouvelle ! Elles sont 94% à ne pas regretter d’avoir entrepris l’aventure de l’entrepreneuriat, vécu comme une source de satisfaction, fierté, liberté et sentiment d’utilité.

« Je me sens utile pour les entreprises qui me donnent des missions. »

Une vie qui leur permet de trouver plus de temps pour leur famille

"Même si les revenus ne sont pas à la hauteur, je préfère garder mon indépendance pour être plus présente pour mes enfants."

Mais elles pointent les difficultés de l’isolement et sont nombreuses à chercher des solutions pour travailler hors du domicile.

« J'ai l'impression de mieux vivre mes journées de travail (à l'exception de l'isolement et des horaires qui ne se comptent plus).»

Les jours de congés, une variable difficile à mettre en place

« Il est difficile de poser des jours de congés en ayant l'esprit totalement libre. »

Une absence de hiérarchie, un esprit serein

Elles sont nombreuses à mettre en avant des difficultés relationnelles dans leur précédente vie de salariée (harcèlement, nuisance). Le fait de travailler à leur compte leur permet de s’en affranchir, de choisir leurs clients et ainsi d’être plus épanouies :

«J'aime travailler seule et ne pas avoir de hiérarchie. » « Mon activité indépendante, aussi peu lucrative et aussi chronophage soit-elle, m'a sauvé la vie en me permettant de travailler comme et quand je le veux. »

« Parce que je n'ai jamais été aussi épanouie professionnellement, je me sens à ma place. »

Un métier passion, qui permet d’apprendre sur soi-même

L'étude fait ressortir dans le quotidien de l'indépendante une grande liberté d’organiser son temps de travail et de gérer ses projets personnels, sans jugement.

« Je suis en attente d’un don d’ovocytes. Lorsque j’ai parlé de mon parcours de PMA à mes anciens employeurs, ils se sont montrés (sur le coup) compréhensifs, mais finalement ils me mettaient des bâtons dans les roues (objectifs de chiffres d’affaires inatteignables, par exemple). J’étais devenue une contrainte pour eux, donc il fallait tout faire pour me faire partir. »

Indépendante, par la force des choses

La difficulté de retrouver un emploi salarié, l’âge sont autant de facteurs qu’elles mettent en avant pour expliquer leur choix de se mettre à leur compte :

 « A 50 ans je continue aussi parce que personne ne m'attend plus sur le marché de l'emploi salarié. »

Le travail indépendant, source d’épanouissement des hauts potentiels ?

Parmi les indépendants, on trouve souvent des zèbres, des hauts potentiels qui n’arrivaient pas à s’épanouir dans un travail salarié, qui ne savait pas exploiter leurs multiples talents. Se mettre à son compte a ainsi permis à un certain nombre d’entre elles d’utiliser tout leur potentiel.

« En tant que surefficiente mentale (haut potentiel) le monde de l'entreprise et le système du travail en France m'apparaissent vraiment abjects, je n'y ai pas ma place. »

Leurs besoins pour mieux gérer l’équilibre vie perso, vie pro en tant qu'indépendante

On retrouve dans les besoins exprimés de nombreuses revendications pour une meilleure protection sociale et avoir le même niveau de droits que les salariés, mais adaptés aux spécificités des indépendants.

  • Une meilleure reconnaissance de leur statut, par les institutions, les partenaires, une valorisation du régime de l’autoentrepreneur.
  • Elles soulignent également la nécessité de mettre en place des modes de garde abordables pour les jeunes enfants.
  • Et sont en recherche de formation pour apprendre à mieux gérer leurs temps.

Pour une garantie de retraite plus transparente

Un point noir : les retraites. L’absence de projection, les problèmes des autoentrepreneurs à la Cipav, des PLNR privées de retraite complémentaire, l’absence de précision fiable sur les chiffres d’affaires à réaliser pour valider des trimestres de retraite sont autant de facteurs de stress.

Pour des besoins tout au long de la vie

  • De l’aide pour se former : aujourd’hui les délais de remboursement des fonds de formation qui ne pratiquent pas la subrogation sont un frein important pour se former.

Au niveau de leurs droits sociaux elles souhaiteraient également :

  • des aides pour les vacances
  • une facilité d’accès aux aides de la CAF
  • des crèches dédiées aux horaires de travail du parent
  • faciliter les remplacements pour congés annuels ou maternité (sous-traitance ou de contrat d’extra comme dans l’hôtellerie)
  • une vraie assistance par l’Urssaf : démarche administrative et informatique
  • une meilleure information de nos droits concernant la maternité, la parentalité
  • pouvoir cotiser au chômage
  • un accès à une prévoyance décente et adapté aux tout petits revenus d'un indépendant
  • avoir un centre d'accueil et d'aide pour tout ce qui est infos sur les formations, les aides, les possibilités d'évolution et démarches administratives.
« Le RAAM devrait être affiché en temps réel sur mon compte Urssaf. Mais ce qui m’inquiète le plus dans mon statut, c’est la question des indemnités journalières et cotisation retraite. L’info est très difficile à trouver »

Les autoentrepreneurs ne veulent pas qu’on les aide à fermer leur entreprise, mais à faire face en cas de coup dur.

Quand elles évoquent le chômage, ce n’est pas pour fermer leur entreprise, mais pour pouvoir faire face à une perte de revenus ponctuelle.

 

Profil des indépendantes ayant participé à l’étude de la Fédération des autoentrepreneurs de mars 2022

  • 925 personnes ont participé à l’étude de la Fédération des autoentrepreneurs de mars 2022
  • Elles sont âgées de 25 ans à 69 ans.

Leur vie sociale

  • 38% vivent seules
  • 20% n’ont pas d’enfants
  • 38% ont des enfants en bas âge
  • 32% ont des enfants autonomes
  • 12% ont repoussé un projet bébé pour leur entreprise
  • 10% ont un projet de bébé assez proche
  • 8,45 % ont leur conjoint qui participe à la vie de l’entreprise

Leur entreprise

  • Tous les domaines d’activités sont représentés
  • Pour 77% leur entreprise représente leur seule activité professionnelle
  • 10% ont une activité salariée secondaire
  • Moins de 5% recherchent un emploi à côté de leur activité
  • 93% sont en microentreprise
    • les 7% restantes sont au régime réel, en société ou coopérative
  • Seulement 3% ont recours à des salariés ou des alternants.

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