fbpx Auto-entrepreneur : oui, mais…bilan 2010 d'Hervé Novelli
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Auto-entrepreneur : oui, mais…

A l'occasion du Salon des entrepreneurs 2010, le secrétaire d'Etat Hervé Novelli fait le bilan du régime auto-entrepreneur.

 

Un an après sa création, ce statut a séduit des milliers de Français.

Pour Benjamin Debuigne, c'est une aubaine ! A vingt-et-un an, BTS en poche, étude de marché et caution d'Oséo sous le bras, cet auto-entrepreneur a ouvert en novembre sa boutique de vente d'articles de fête au détail, dans le village des Montils, près de Blois. Au passage, il a décroché un prêt bancaire de 20.000 euros pour constituer ses premiers stocks. Un mois plus tard, Benjamin Debuigne réalisait déjà 2.500 euros de chiffre d'affaires.
 
Entré en vigueur il y a un an, le régime d'auto-entrepreneur a séduit des profils disparates, salariés, retraités, fonctionnaires, chômeurs ou étudiants… en 2009, 320.000 auto-entreprises auraient vu le jour sur un total de 540.000 sociétés créées. Et pour cause : pour démarrer, quelques clics suffisent. Les obligations comptables sont réduites, le chiffre d'affaires étant plafonné à 32.100 euros pour les activités de services et à 80.300 euros pour les activités d'achat-revente. Et si certaines modalités changent en 2010 (dès avril, les auto-entrepreneurs «  artisans » devront, par exemple, s'immatriculer au répertoire des métiers), les contraintes restent minimes. Cerise sur le gâteau, l'auto-entrepreneur s'acquitte d'un impôt sur le revenu compris seulement entre 1 % et 2,2 % de son chiffre d'affaires. Et sans recette, pas de cotisation sociale à verser : «  Avec ce système, on se sent beaucoup mieux : si je ne génère pas de chiffre d'affaires, je ne devrai rien à l'Etat », déclare Jean-Marc Berthelot, quarante-neuf ans, qui envisage de lancer, ces jours-ci, son activité de travaux de décoration.
 
Les limites du statut
Un an après son démarrage, le succès du dispositif semble acquis. Loin d'être un frein, la grisaille économique a même contribué à son essor : sur les six premiers mois de 2009, plus d'un auto-entrepreneur sur deux (55 %) était demandeur d'emploi, contre 33 % parmi les créateurs d'entreprises « traditionnels », d'après une étude de la Chambre des métiers et de l'artisanat du Loir-et-Cher. « Fonder une entreprise, c'est accéder à un statut. Dans ce contexte, c'est tout simplement de l'insertion », constate Marie-Hélène Manchion, responsable du pôle création de la chambre. C'est là que le bât blesse. «  Nous n'avons pas face à nous un futur chef d'entreprise qui est dans une logique de développement et de pérennisation, poursuit Marie-Hélène Manchion. D'ailleurs, la plupart des auto-entrepreneurs n'ont pas l'impression de créer une entreprise ! Et de fait, n'ont pas conscience des risques sous-jacents. »
 
Car pour réussir, il ne faut surtout pas partir la fleur au fusil. Ouvrir une auto-entreprise n'affranchit pas son créateur des démarches nécessaires à son développement. Après avoir fondé Rock-You, un commerce en ligne de disques vinyle, Didier Limagne, ancien chômeur, l'a compris : «  C'est après la ligne de départ que les choses se corsent. Une grosse quantité de travail est nécessaire », raconte-t-il.
 
Or nombre d'auto-entrepreneurs naviguent à vue : seuls 23 % d'entre eux ont effectué une étude de marché, 29 % ont chiffré leurs investissements et 19,5 % ont un prévisionnel de chiffre d'affaires. A l'arrivée : 60 % des auto-entrepreneurs n'ont d'ailleurs déclaré aucun chiffre d'affaires. Tandis que la moyenne ne dépasse pas 1.330 euros par auto-entrepreneur et par mois, selon l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss).
 
Simplicité à double tranchant
 
Par ailleurs, la simplicité du dispositif est à double tranchant : «  Un indépendant n'est pas forcément crédible auprès des banques, car il n'a pas de capital, poursuit Didier Limagne. Difficile, aussi, d'ouvrir une boîte postale, en n'étant pas inscrit au registre du commerce. »
 
Autant de casse-tête qui dévoilent les limites du statut. Toutefois, ce régime peut mettre le pied à l'étrier de futurs entrepreneurs, soucieux de tester leur idée. A l'instar de Sandrine Buridon. La création d'entreprise, cette passionnée d'animaux y pensait depuis longtemps. Mais elle n'avait ni associé ni apport financier. «  Ce nouveau statut a tout libéré », raconte cette femme, souriante et dynamique, qui a franchi le pas en mars dernier, en ouvrant « Max & Cie », son agence de « dog-walking ». «  Devenir chef d'entreprise est le fruit d'un cheminement », raconte-t-elle. L'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) a financé ses 1.000 premiers euros d'investissements pour monter son site Web, et lui a prodigué les conseils d'un coach. L'enthousiasme chevillé au corps, Sandrine Buridon reste lucide : «  Je sais qu'une entreprise se pérennise sur plusieurs années. J'ai rencontré des professionnels, discuté, échangé. Je connais mon marché, mon seuil de rentabilité et j'ai appris à défendre ma marge ! »
 
Le régime peut aussi compléter harmonieusement une activité salariée. A vingt-six ans, Maxime Blanc, consultant en systèmes d'information, donne désormais, le week-end, des cours de bio-informatique : «  J'applique mes connaissances professionnelles aux sciences du vivant, une autre de mes passions. » Depuis octobre, il développe, par ailleurs, des applications logiciels pour un équipementier télécom. Un hobby qui lui rapporte entre 3.000 et 4.000 euros par mois grâce à l'auto-entreprenariat. «  Je n'ai pas de projet à long terme, confie-t-il. Mon objectif premier est de monétiser des loisirs. Et une auto-entreprise est sans contrainte. Je fais ça quand je veux, ça dépend de la météo et du programme ciné ! » ajoute Maxime Blanc, avant de résumer : « S 'il n'y a pas de business, il n'y a pas de taxes. Dans le pire des cas, je gagne de l'argent ! » A condition, toutefois, de ne rien laisser au hasard.

 


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