fbpx L'autoentrepreneur est mal adapté à la crise ? Débats et controverses... | Fédération des Auto-entrepreneurs
image/svg+xml

L'autoentrepreneur est mal adapté à la crise ? Débats et controverses...

Pascal Gilquin, responsable du domaine finance gestion chez CSP Formation, était interviewé par Yann le Gales, du Figaro. Grégoire Leclercq répond aux idées énoncées dans cet entretien.

LE FIGARO. - Les Français sont-ils déçus par le régime de l'autoentrepreneur ?

Pascal GILQUIN. - Lorsque l'autoentreprise a été créée, les Français se sont tout de suite imaginés être leur propre patron et gagner de l'argent. Ce rêve d'être patron a suscité un fort engouement. Or l'autoentreprise subit elle aussi des difficultés économiques. L'autoentrepreneuriat peut donc en décevoir certains, mais c'est uniquement dû à cette perception initiale fausse. Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes à l'heure actuelle en période de crise.

Proposer des services à des prix moins chers est-il encore un atout ?

Les entreprises sont très frileuses et réfléchissent à deux fois avant d'effectuer une dépense. Elles préfèrent choisir le fournisseur habituel plutôt qu'un autoentrepreneur, même si ce dernier est moins cher. Le gouvernement a mis en place ce statut pour permettre aux personnes qui ont déjà un emploi, ou qui sont à la retraite, de se sécuriser financièrement en créant leur propre activité en parallèle. Beaucoup ont oublié qu'il s'agissait d'une activité d'appoint et surtout que ce type d'activité n'était pas adapté en temps de crise.

Les différentes modifications apportées au régime de l'autoentrepreneur expliquent-elles aussi le ralentissement des inscriptions ?

Plusieurs «accrocs» tels que l'ajout d'un impôt, l'obligation de déclaration du chiffre d'affaires de manière régulière, ont généré un sentiment de déception. Enfin, l'autoentrepreneuriat subit «une mauvaise presse» avec des écueils qui sont davantage mis en avant que les réussites. Il devient alors plus difficile de se vendre et d'être crédible lorsqu'on est autoentrepreneur. C'est peut-être une des raisons qui expliquent la baisse du nombre de création d'autoentreprises.

Grégoire LECLERCQ, président de la fédération des auto-entrepreneurs, répond sur les idées reçues qui s'installent autour du régime.

A la question « les Français sont-ils déçus par le régime de l'auto-entrepreneur ? », Pascal GILQUIN répond que les Français se sont tout de suite imaginés être leur propre patron et gagner de l'argent. D'après lui, ils se sont fait une perception initiale fausse du régime. Dans les faits, les auto-entrepreneurs sont loin de cette idée un peu prétentieuse « je suis mon propre patron, je vais très bien gagner ma vie ». Leur quotidien est rempli de taches multiples, leur préoccupation va d'abord à leurs clients, leur trésorerie, leur besoin de développement et leur souci d'information. Ils ne sont pas déçus du régime, qui, rappelons le, a poussé 60% d'entre eux à se lancer alors qu'ils ne l'auraient pas fait autrement. Ils sont simplement de plus en plus conscients que le régime n'est que l'aspect juridique, fiscal et social d'une entreprise à part entière, qui grandit et survit si on en prend soin !

Pascal GILQUIN affirme aussi que les entreprises préfèrent choisir le fournisseur habituel plutôt qu'un auto-entrepreneur, même si ce dernier est moins cher. Là encore, les faits démontrent que les services aux entreprises sont de plus en plus développés chez les auto-entrepreneurs, et ce de façon encore plus forte ces derniers mois, où le prix est un argument fort de comparaison entre deux prestataires. Croire que l'auto-entrepreneur est moins crédible qu'une entreprise d'un autre régime est faux : il sera aussi crédible qu'elle si ses références, son savoir-faire, son approche commerciale sont aussi professionnelles.

De plus, Pascal GILQUIN prétend que « Beaucoup ont oublié qu'il s'agissait d'une activité d'appoint et surtout que ce type d'activité n'était pas adapté en temps de crise ». L'affirmation est d'autant plus choquante qu'elle nie une des raisons fondatrices de ce régime : permettre, en temps de crise, de se lancer sans risque, sans charges fixes et sans mettre en péril une situation de salarié ou de fonctionnaire déjà établie. C'est à mon sens une contre vérité flagrante, qui d'ailleurs n'est appuyée sur aucun comparatif entre période de crise et période de croissance.

Enfin, Pascal GILQUIN déplore que plusieurs «accrocs» tels que l'épisode de la CFE (qui n'est pas l'ajout d'un impôt mais une maladresse fiscale), l'obligation de déclaration du chiffre d'affaires de manière régulière, la mauvaise presse qui est faite du régime, contribue à dévaluer le régime et diminuer le nombre d'inscrits. Certes, il faut concéder que cette réforme, parce qu'elle s'est mise en place rapidement, a été aménagée avec le temps, et ce au fur et à mesure des actions menées par les organismes de défense, par les auto-entrepreneurs eux-mêmes, et par ceux qui voulaient y entrer. Mais le régime ne subit pas, contrairement à ce que beaucoup font croire, de brutal ralentissement. Le million d'inscrits sera atteint en février ou mars 2012 et les 4 milliards d'euros seront atteints fin 2011. Notre travail à tous est, dans ces conditions, de continuer à faire progresser ce régime, à tirer vers le haut les 10% d'entre les auto-entrepreneurs qui vont changer de régime, et à conférer ses lettres de noblesse à ce régime d'avenir !


Trustpilot