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Novelli, le héros des auto-entrepreneurs

Le très libéral secrétaire d’État aux PME est l’homme en forme du gouvernement. Succès de l’auto-entreprise aidant, les Français n’ont jamais autant créé de sociétés.

Il a posé à côté de son bureau un volumineux cheval de manège en bois, offert par les forains de la foire du Trône. Mais son plus beau cadeau, ce sont ces piles de lettres qui s’accumulent. Plus d’un millier depuis janvier.Mails et courriers enthousiastes de Français devenus autoentrepreneurs.Les propos qui l’ont le plus touché ? Ceux d’un chômeur de la région parisienne : «Merci de m’avoir rendu ma dignité. » Hervé Novelli se lève, s’en saisit, la relit et sourit : «Cette réforme est un formidable appel d’air, dit-il. Maintenant, chaque Français, quels que soient son âge ou sa situation, peut devenir chef d’entreprise. Augmenter ses revenus, tenter sa chance ou s’en donner une deuxième. »

Qui l’eût cru ? À l’heure où, crise aidant, nos dirigeants n’ont plus que le mot “État” et “protection” à la bouche, on découvre les Français plébiscitant la petite entreprise et l’initiative individuelle ! Dépassant toutes les prévisions, les chiffres sont tombés la semaine dernière : le nombre de création d’entreprises a littéralement explosé au cours du premier semestre : 289 000, soit 100 000 de plus qu’à la même période en 2008 – avant la crise. Le mois de juin bat tous les records : 51 247 entreprises créées contre 25 000-30 000 en moyenne depuis dix ans. Jamais, dans toute son histoire, la France n’avait connu pareille effervescence. Ce qui a changé la donne ? Le vote, l’été dernier, de la loi de modernisation économique (LME), instituant, à partir de janvier 2009, le statut d’autoentrepreneur. À l’époque dans l’indifférence quasi générale. « Bravo ! On ne t’a pas vu venir », a écrit à Novelli, par SMS, l’un de ses collègues du gouvernement, après que Nicolas Sarkozy eut chaudement félicité son secrétaire d’État en Conseil des ministres.
 
Alors que tout le monde, médias en tête, avait les yeux braqués sur la réforme des heures supplémentaires, proposition phare de la loi LME, le statut d’autoentrepreneur était passé complètement inaperçu. Rares sont ceux, alors, à imaginer son futur succès. Sarkozy, lui, ne s’y trompe pas : toujours à l’affût d’idées nouvelles, il se fera expliquer la loi dans le détail par Novelli.Avant de lâcher, conquis : « C’est une minirévolution ! » Désormais, dix minutes suffisent pour créer son entreprise : quelques clics sur le site lautoentrepreneur.fr ; et plus question de payer de taxes et de charges avant d’avoir gagné de l’argent : avec le nouveau statut, pas de chiffre d’affaires, pas de cotisations ! Certes, le plafond annuel de ce chiffre d’affaires est limité à 32 000 euros (pour les prestations de services) ou 80 000 euros (pour les activités commerciales), mais il permet de s’assurer un second revenu, de se (re)mettre le pied à l’étrier ou de démarrer – sans avancer d’argent – une véritable nouvelle activité. Plus de simplicité, moins de fiscalité : les Français approuvent ; 50% des entreprises créées au cours des six derniers mois sont des autoentreprises ! C’est à elles qu’on doit ce boum sans précédent. « Le succès de l’année », comme l’a titré la Tribune.
 
Un petit parfum de revanche pour le secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services et de la Consommation – le titre le plus long du gouvernement. Lui, l’ancien du mouvement Occident (où il a rencontré Madelin et Longuet, dont il est devenu le compagnon de route), “l’ultralibéral” un peu austère et plutôt en retrait, le voilà, à 60 ans, idole des banlieues ! « Pour beaucoup de jeunes, qui s’estiment exclus et se méfient des institutions, créer sa petite entreprise est une opportunité unique qu’ils ont immédiatement saisie », explique-t-il. Ses visites sur le terrain, du Salon de la microentreprise aux barres HLM, sont triomphales. Novelli exulte : « Je suis heureux, parce qu’avec cette réforme les énergies se libèrent. C’est une réforme optimiste. »
 
Venant après la mise en application, jusque-là toujours repoussée, de la baisse de la TVA dans la restauration – ayant permis d’alléger l’addition dans la moitié des établissements –, le succès rencontré par l’autoentreprise fait du secrétaire d’État, comme le dit un membre du gouvernement, le « ministre des bonnes nouvelles ». Un ministre envié, donc.Mais nullement décidé, pour autant, à mettre de l’eau dans son vin libéral. « Même si le mot est passé de mode, je reste un libéral, dit celui qui a créé le club des députés Réformateurs. Ce n’est pas le système capitaliste qui est à l’origine de la crise mais un certain nombre de ses dérives. » L’État intervenant, comme actuellement, pour “réguler”provisoirement le système. Non pour s’y substituer.
 
“Politiquement incorrect”, Novelli ne l’est pas que sur le libéralisme. L’homme se revendique aussi de droite – « un très beau mot », dit-il. Assumant aussi sans complexe ses années turbulentes de jeunesse : « Je me suis engagé contre le communisme et le totalitarisme. Contre le désordre, aussi. Je n’ai rien à renier. » Pas question, donc, de céder aux sirènes de la repentance. Cela ne l’a pas empêché de négocier, des heures durant, avec les syndicats – et de les convaincre.Ni de devenir, pendant droitier de l’ouverture à gauche – qu’il défend –, l’un des poids lourds du gouvernement.
 
Le seul membre du gouvernement à posséder un CAP
Sans doute faut-il chercher dans ses origines modestes l’impressionnante ténacité dans ses convictions et à grimper les échelons. Fils d’un ouvrier italien, Novelli se souvient avoir été traité de « macaroni » à l’école. Il est surtout le seul membre du gouvernement à posséder un CAP (de micromécanique). Et l’un des très rares à avoir lui-même développé une entreprise – une PME spécialiste de la fabrication de prothèses. Celle-ci, dont il s’est séparée en 2006, a compté jusqu’à une vingtaine de salariés.
 
Il n’est pas, enfin, jusqu’à son siège de député, pour lequel Novelli a dû se battre avec opiniâtreté : lorsqu’il est élu pour la première fois en 1993, il est le premier député de droite de “sa” circonscription d’Indre-et-Loire – détenue par la gauche depuis toujours !
 
Encensé par une presse qui l’avait longtemps ignoré – jusqu’à faire la couverture de Challenges –, le moment est-il enfin venu pour l’exmadeliniste de se mettre à son compte ? Pas si simple. « Sarkozy, confie-t- il, occupe déjà largement l’espace de la réforme. » Mais il sait pouvoir compter sur les autoentrepreneurs, qui lui doivent cette réforme. Pour la fin de l’année, 500 000 créateurs d’entreprise sont attendus. 500 000 “novellistes” ?

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