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Philippe Colombié revient pour la Fnae sur 4 années d'auto-entreprise

Sommaire

Créateur de plusieurs entreprises et ayant accompagné à ce jour plus de 500 créateurs et repreneurs, Philippe Colombié est l'auteur de : "Auto-entrepreneur" (réédité chaque année) et "L'Après auto-entreprise" aux Editions Francis Lefebvre (blog http://www.my-wood-watch.com). Philippe Colombié répond très facilement aux demandes de conseils, de conférences ou de formation pour promouvoir la CRÉATION et la REPRISE d'entreprises en France.
 
Quel bilan tirez-vous du régime de l’auto entrepreneur ?
 
Ph. C : C’est un succès incroyable qui dure depuis quatre ans ! 
Plus de 80 % des Français plébiscitent l’auto-entreprise car c’est un régime très simple, qui permet de se lancer sans risques ou coûts majeurs ; il est fort utile à l’économie nationale (il rapporte chaque année plus de 8 milliards à l’Etat en cotisations sociales et impôt sur le revenu, soit en 2011 deux fois plus que l’ISF…).
J’ajoute qu’être auto-entrepreneur est personnellement valorisant : cela apporte une légitime considération sociale, une reconnaissance de l’activité entrepreneuriale exercée au grand jour.
Notre pays a besoin de beaucoup d’autres mesures de ce type pour laisser s’exprimer pleinement le dynamisme économique et le goût d’entreprendre !
En les attendant, ne laissons pas le statut de l’auto-entreprise se faire détricoter avec de faux arguments, d’origine souvent corporatiste.
 
Pensez-vous qu’il faille apporter un soutien aux auto-entrepreneurs ? Si oui, par quels leviers ?
 
L’auto-entreprise est un statut uniquement destiné aux personnes à la recherche d’un complément de ressources (retraités, salariés, fonctionnaires, étudiants) aux demandeurs d’emploi pour lesquels la création d’entreprise est une solution dans la recherche d’une activité professionnelle et, surtout, aux créateurs d’entreprise qui souhaitent tester leur idée.
Pour moi, les aménagements à apporter sont essentiellement d’ordre assurantiel.
Par exemple, il serait opportun d’offrir un accès plus facile aux régimes complémentaires de santé et de prévoyance (via une déduction fiscale des cotisations correspondantes).
Il serait aussi indispensable de mettre en place un système d’assurance civile professionnelle à des tarifs non prohibitifs.
Enfin, il faudrait favoriser (fiscalement et socialement) d’une part le développement de l’activité de l’auto-entrepreneur et, d’autre part, l’accompagnement par des véritables professionnels dans le délicat passage vers l’après auto-entreprise (création d’une société, etc.).
 
Pensez-vous qu’il faille amoindrir le dispositif ?

Ah non !  Et il faut tordre le cou à ces allégations venues du plus haut niveau selon lesquelles l’auto-entrepreneur cause une concurrence déloyale, notamment à notre million d’artisans français (cf. Sylvia Pinel, ministre déléguée en charge de l'Artisanat, du commerce et du Tourisme, qui a récemment déclaré que le régime d'auto-entrepreneur "avait conduit à créer dans certains secteurs, notamment le commerce et l'artisanat, une concurrence déloyale avec les professionnels qui sont soumis à des règles sociales et fiscales et des normes différentes").
 
Nos artisans ne se portent pas si mal globalement : en 2011, leur indice d’activité a progressé de 1,9 % (soit plus que le PIB national : + 1,7%).
A noter que certains secteurs ont surperformé en 2011, par exemple l’artisanat du bâtiment (+ 4  %), dont + 13,4 % pour les plâtriers-décorateurs et + 7,8 % pour les électriciens et les entreprises de terrassement (sources Enquête FCGA 25 avril 2012).
 
Dans ce contexte, un quelconque préjudice est-il causé aux artisans par les auto-entrepreneurs ?
 
Selon les données publiées par l’Acoss le 30 mars 2012, un quart des auto-entrepreneurs exercent leur activité dans le secteur de l’artisanat, soit 200 000 auto-entrepreneurs. Parmi ceux-ci, seulement 100 000 environ dégagent un chiffre d’affaires. Les recettes de ces derniers sont en moyenne de 9 000 € par an, soit 750 € par mois.
On sait par ailleurs que la facture moyenne établie par un auto-entrepreneur artisan est de moins de 200 € par client.
Nos artisans sont-ils alors gravement « concurrencés » par 100 000 auto-entrepreneurs facturant moins de 200 euros à 4 clients par mois ?
Je ne le pense pas.
D’ailleurs, bon nombre d’artisans ne se déplacent plus que pour des travaux « significatifs », avec des délais plutôt importants…
 
Concernant les comparaisons fiscales et sociales sur les prétendus avantages du régime de l’auto-entreprise par rapport à celui des artisans (micro-entreprise ou réel), je vous renvoie au comparatif effectué par l’Ordre des Experts Comptables. Vous constaterez qu’aucun avantage fiscalo-social au profit des auto-entrepreneurs n’est susceptible de fausser la concurrence.
Bien au contraire d’ailleurs, le comparatif fiscalo-social est souvent en défaveur des auto-entrepreneurs car, comme je l’ai expliqué au moyen de plusieurs tableaux dans mes ouvrages ; tout dépend du montant des recettes et des charges liées à l’activité : c’est à examiner au cas par cas puisque les auto-entrepreneurs cotisent sur des recettes sans aucune déduction de charges , alors que les artisans paient leurs cotisations sur leur résultat (recettes moins abattement forfaitaire des charges pour la micro-entreprise, et recettes moins dépenses pour le réel).
 
Rappelons aussi qu’un auto-entrepreneur ne facture ni ne récupère la TVA : cela freine tout investissement, et donc tout développement pouvant contrarier les artisans.
 
Enfin, dans ce débat lancé par la ministre, pourquoi ne pas laisser le client choisir au final, en connaissance de cause ? On confie ses petites réparations à un auto-entrepreneur, faute de disponibilité d’un artisan… Voilà la réalité du terrain !
 
Quels dispositifs plus généraux d’aide à l’entrepreneuriat souhaiteriez-vous voir appliqués ?
 
Je crois qu’il faudrait étendre les simplifications du statut de l’auto-entreprise vers les régimes voisins concernant les entrepreneurs individuels (micro BIC et micro-BNC). Je pense notamment à l’avantage majeur de l’auto-entreprise : s’acquitter forfaitairement des charges sociales et des impôts et uniquement sur ce qu’on encaisse.
 
Il faudrait aussi encourager plus fortement les demandeurs d’emploi à se lancer dans l’auto-entreprise au lieu de revenir (unilatéralement et sans concertation) sur des engagements anciens : savez-vous que, subitement, l’aide financière aux chômeurs créateurs d’entreprise vient d’être diminuée jusqu’au 31 décembre 2012 ? Cette aide qui correspond à un versement en capital est passée de 50 % à 45 % du reliquat des droits à l’assurance-chômage (Journal Officiel du 14.07.2012).
Ce type de mesure n’est pas positif ; c’est inutile car totalement marginal ; et cela envoie un mauvais signal aux créateurs à qui il faut du capital et de la volonté pour lancer une nouvelle activité !
Bien au contraire, car le bon sens le commande et la raison l’exige : ne décourageons pas nos porteurs de projets ; aidons-les plutôt à grandir et à se développer ! Tout le monde sera alors gagnant.
 
Pour finir : pourquoi les artisans ne balaient-ils pas aussi devant leur porte en éradiquant de leurs listes professionnelles leurs confrères utilisant abusivement l’auto-entreprise comme substitut à l’embauche d’un salarié ?

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