Grégoire Leclercq pourfend les arnaqueurs dans Les Echos
Vincent COLLEN, journaliste aux Echos, revient sur l'escroquerie d'ampleur qui cible les indépendants. Extraits.
C'est une simple feuille au format A4 que des milliers de travailleurs indépendants reçoivent par la poste. Elle ressemble à s'y méprendre à un formulaire administratif, et elle s'intitule « Cotisation 2012 ». En haut à gauche, un sigle qui laisse croire qu'il s'agit d'un courrier du RSI, le régime de Sécurité sociale des artisans, commerçants et professions libérales. Plus bas, cette mention presque comminatoire : « Paiement par chèque à nous retourner sous huit jours accompagné du présent document à l'adresse ci-dessous : 249 euros. »
Les indépendants peuvent facilement croire qu'il s'agit d'un appel de cotisation en bonne et due forme. Il s'agit en réalité d'une escroquerie de grande envergure. En tout petit, en bas de la feuille, on peut lire ceci : « En signant le présent bulletin, je reconnais expressément avoir pris connaissance et accepter l'intégralité des conditions générales de vente au dos. » On tourne alors la feuille et on trouve, en effet, les détails d'un contrat de vente, en caractères à peine lisibles sans le secours d'une loupe. Le service proposé ? La mention du travailleur indépendant dans un annuaire en ligne, comprend-on, même si ce n'est pas explicite. Et le nom d'une société basée... à Chypre.
Les autoentrepreneurs visés
Combien d'indépendants se sont-ils faits piéger en envoyant un chèque à l'adresse indiquée ? Ni le RSI ni la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) ne veulent fournir de chiffres. « Nous estimons que de 5 à 6 % du million d'autoentrepreneurs ont été escroqués depuis un an », avance pour sa part Grégoire Leclercq, président de la Fédération des autoentrepreneurs. « C'est une escroquerie bien organisée, mais elle reste marginale à l'échelle de l'ensemble des indépendants », tempère, pour l'UPA, Pierre Burban, qui défend les artisans. Les nouveaux autoentrepreneurs semblent une cible privilégiée des malfaiteurs, qui se procurent facilement leurs coordonnées, celles-ci étant publiques dès leur enregistrement. « Les autoentrepreneurs constituent les proies les plus intéressantes, car ils manquent d'expérience en général », estime Grégoire Leclercq.
Déclenchées par le RSI et la DGCCRF, plusieurs actions judiciaires sont en cours, au civil et au pénal. Et le RSI multiplie les avertissements : « Les vrais avis d'appel de cotisation comportent toujours le numéro de Sécurité sociale de l'assuré », rappelle-t-il. « Le RSI a été un peu lent au démarrage, mais il semble qu'il ait pris les choses en main », estime Pierre Burban. « Ce n'est pas suffisant, critique Grégoire Leclercq. Il faudrait que le RSI envoie un courrier à tous les entrepreneurs. »
