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"Les menaces contre le régime des auto entrepreneurs existent toujours", Grégoire Leclercq, président de la Fnae

Le 2 décembre l'Assemblée Nationale a finalement rejeté un amendement de la majorité qui visait à obliger les auto entrepreneurs à faire certifier leurs comptes par un expert-comptable après deux années d'exercice. Une mesure qui, selon la Fnae (fédération des auto entrepreneurs, 33.000 adhérents), signait l'arrêt de mort de ce statut. A ce jour il existe en France 900.000 personnes inscrites au régime de l'auto entreprise (le statut a été créé en 2009). 270.000 réalisent du chiffre d'affaires. La totalité du chiffre d'affaires réalisé en 2011 par les auto entrepreneurs est de 5 milliards d'euros. Malgré le rejet de cet amendement, Grégoire Leclercq, président de la Fnae, considère que les me naces existent toujours contre les auto entrepreneurs (un autre groupement s'est créé cette semaine, le MAEF, mouvement des auto entrepreneurs de France, dont l'objet est de défendre le statut qu'il considère également comme menacé).
 

Quelle est la situation du régime des auto entrepreneurs aujourd'hui ?

Deux mondes s'affrontent. D'un côté 900.000 auto entrepreneurs, qui ne sont pas tous des entreprises à potentiel mais des gens qui exercent une activité complémentaire, essaient de gagner un peu d'argent avec, qui ne font pas cette activité là au noir, dont certains, 10 à 15%, comptent dessus pour mettre le pied à l'étrier et développer ensuite une véritable entreprise. D'un autre côté il y a de grands opposants. Les premiers sont les artisans. Ils ont toujours dit qu'ils en feraient un combat. Leurs arguments sont que les auto entrepreneurs ne sont pas qualifiés et leurs font de la concurrence déloyale car ils ont des facilités de gestion et ne déclarent pas tout leur chiffre d'affaires. Les artisans ont des oreilles attentives chez les sénateurs et les députés, mais aussi chez certains politiques comme François Hollande.
 

Pourquoi dites-vous que le régime des auto entrepreneurs est toujours menacé ?

Nous sommes très inquiets par les propos tenus par François Hollande le 28 novembre qui a déclaré notamment qu'il faudrait revoir le régime et le limiter dans le temps. C'est quand même un candidat à l'élection présidentielle. Je suis consterné par la vision de l'entreprise qu'il a montré lorsqu'il a parlé de l'auto entreprise. Il méconnaît le monde des auto entrepreneurs. Leurs préoccupations sont très éloignées de ce qu'il prétend connaître. Ils ne sont pas là pour faire de la concurrence déloyale aux artisans, ni pour se précariser, ni pour se mettre dans une impasse comme il l'a dit. Ils sont là parce qu'ils ont trouvé un truc simple pour gagner un peu d'argent de manière légale, si possible en cotisant à leur retraite et souvent pour ne plus être assistés. Nous avons par exemple beaucoup de témoignages de gens qui étaient au RSA et qui avaient une idée en tête. Ils ne gagnent pas beaucoup d'argent avec l'auto entreprise mais ont l'impression de prendre leur destin en main.
 

Est-ce que le statut, tel qu'il existe, peut être néanmoins amélioré ?

Nous pensons que la formule est la bonne. Le régime est simple, pédagogique. Il est adapté pour ceux qui veulent faire un test aussi bien que pour ceux qui veulent s'inscrire dans la durée. Donc il n'y a pas grand chose à changer. En revanche il y a des choses à faire autour de ce statut. Aujourd'hui les auto entrepreneurs cotisent à la formation professionnelle. Cette année cela représente 10 millions d'euros versés aux fonds de formation. Ces sommes n'ont quasiment pas été utilisées par les auto entrepreneurs. Or ils ont besoin de formation. Pour utiliser ces fonds il faudrait créer un parcours type de l'auto entrepreneur. Après quelques mois d'activité il faudrait l'inciter à aller voir un expert-comptable - les experts-comptables offrent deux heures d'accompagnement gratuite aux auto entrepreneurs - pour faire un premier bilan de son activité. Ensuite il faudrait qu'il s'engage dans une formation en gestion, en vente, en communication... Ensuite au bout d'un an, un an et demi, il envisagerait de créer ou pas une entreprise à potentiel.


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